Typologie des épées médiévales de Mr Oakeshott
Spécialiste indiscuté depuis cinquante ans de l'épée médiévale, Ewart Oakeshott a entrepris de proposer une classification pour l'épée médiévale entre 1050 et 1520.
Cette typologie a pour but de définir une façon de classifier les épées pour mieux en appréhender les développements et évolutions.
Bien que cela permet de proposer une organisation chronologique, il ne faut pas la prendre comme une chose figée qui donnerait une vision absolue de ce qu'était l'épée entre le Xième et le Xvème siècle. Les épées avait pour but de donner la mort et pour cette raison, étaient adaptées à un utilisateur qui mettait sa vie en jeu chaque fois qu'il l'utilisait. Cela pouvait donc influencer des aménagements, des transformations, qui ne peuvent être classifiés de façon absolue.
La redécouverte de l'épée médiévale
Les épées médiévales, contrairement aux idées reçues, n'étaient absolument pas lourdes, elles faisaient pour la plupart entre 1 et 2 kilogrammes, avec le poids réparti de façon à avoir un équilibre agréable à la main de son porteur.
La taille des armes utilisées n'était pas excessive, avec une moyenne générale d'environ un mètre
L'épée entre le XIème et le XIIIème siècle était utilisée majoritairement avec un bouclier qui constituait un complément presque indispensable pour les affrontements. La vision habituelle de chevalier s'affrontant avec de longues et lourdes épées tenues à deux mains appartient plus au mythe chevaleresque qu'à la réalité historique.
La méthode de travail
L'organisation des différents types se base sur l'aspect général de l'arme, en prenant compte la forme de la lame ainsi que les proportions entre les différents éléments. Les armes ne possédant qu'un seul tranchant, ainsi que celles qui sont incurvées, n'ont pas été prise en compte.
En plus de la forme à plat de la lame, on peut se baser sur la proportion de la longueur de la gouttière, la taille relative de la fusée par rapport à la lame. Avec le poids et la taille du pommeau, cela détermine le point d'équilibre de l'arme, sa distance par rapport à la garde. La largeur de la lame conditionne aussi son poids et joue également sur l'équilibre, ainsi que sa section qui peut être plate, creusée en son centre par la gouttière ou bien losangée, ce qu'on appelle une lame diamantée.
Il faut garder à l'esprit, lorsqu'on examine une épée médiévale, qu'il s'agit d'une production artisanale adaptée à des besoins précis, même si il existe des influences générales et des modes localisées dans le temps et dans l'espace.
L'épée a eu une existence propre, qui pouvait durer plusieurs dizaines d'années voire 100 ou 200 ans, passant éventuellement de main en main, ce qui a pu altérer sa forme et son aspect général. Le changement de garde ou de pommeau a pu être motivé par les goûts de son possesseur ou par ses préférences pour le combat. En outre, elle a pu voyager, lors de campagnes militaires, suite à un achat éloigné, et donc avoir une nouvelle vie ailleurs, loin de son centre de fabrication ou de première utilisation.
La fourniture des épées médiévales
Une partie de la production était faite directement sous les ordres du destinataire qui pouvait ainsi concevoir une arme qui lui sied totalement. On remarque également plusieurs exemples d'ensembles d'armes réalisées d'une façon globale, en réponse à une commande d'une autorité qui prévoyait des besoins pour une campagne militaire ou une forteresse. Il pouvait y avoir une certaine forme de standardisation de tout ou partie de l'arme selon qu'il s'agisse de fabrication complète ou de simple remontage d'anciennes lames.
Cela a conduit à créer des familles d'épées, qui sont indépendantes des types, et qui correspondent à des ensembles d'épées ayant une caractéristique commune bien marquée, comme la garde et le pommeau similaires. Ces groupes correspondent plus à une chronologie que les types, qui correspondent à une simple classification simplifiant l'étude. En effet, certains ensembles garde – fusée- pommeau peuvent être attribués à une région particulière ainsi qu'à une date. Cela détermine des modes plus ou moins circonscrites, dont la période d'existence peut parfois être exceptionnellement courte.
Sources : Histoire Médiévale N°1H Avril/Mai 2000